Créateur du mythique Bucovina Club à Francfort, compositeur pour le cineaste turc Fatih Akin (entre autres) et DJ multi-instrumentiste plébiscité pour avoir célébré depuis plus de dix ans le mariage de passion entre la culture du clubbing et les musiques balkaniques les plus euphorisantes, Shantel est un véritable phénomène. Ce maestro des dance-floors jongle avec l'exaltation communicative des musiques populaires de Roumanie, de Turquie, de Grèce, de Macédoine ou de Bulgarie, pour les placer sous la puissance de feu des beats digitaux. Ses mixes enflammés s'égrenent alors comme les pièces d'un puzzle dévoilant une électro-pan-européenne, incendiaire pour les pistes de danse.

Reconnu comme oudiste virtuose et chanteur de talent, le libanais Charbel Rouhanna écrit depuis 20 ans les lettres de noblesses de l'oud en ayant établi notamment une méthode d'apprentissage enseignée aujourd'hui au Conservatoire National de Musique ou en collaborant avec la référence Marcel Khalifé. Trait d'union entre les grands classiques arabes et les apports occidentaux, cet artiste érudit a su inscrire la conservation d'un patrimoine tout en valorisant l'improvisation, cette caractéristique fondamentale de la musique orientale. En grand maître respecté, son jeu inspiré se révèle au fil des années une source intarissable dans la constitution du répertoire moderne oriental.

Quand Justin Adams, guitariste nomade anglais renommé (notamment aux côtés de Robert Plant ou Natacha Atlas !) rencontre Juldeh Camara, griot africain roi du violon riti et du luth kologo, l’étincelle afro-blues scintille d’un nouvel éclat. Adoubé par Real World, ce projet passerelle explore sur un rythme effréné des horizons jusqu'ici insoupçonnés. La musique gambienne vient se frotter à la fougue du rock et le Chicago Blues revisite ainsi son cousinage éloigné avec les transes gnawa. Un bain de jouvence groovy et électrique pour une tradition ancestrale parmi les plus ancrées d’Afrique de l’Ouest. Un échange fertile, redoutablement dansant, hors des sentiers battus des cross-overs artificiels.

Solidement enraciné dans sa terre valenciane, Miquel Gil fait partie depuis 35 ans de ces poètes aventuriers en perpétuelle quête de nouvelles formes pour faire vibrer au plus juste la chanson méditerranéenne. Brassant la poésie catalane, le cante jondo, le rebetiko grec, les chants gnawis ou les métriques irrégulières turques, cette voix profonde distille une folk-song sans frontière, égrenant ses vers traditionnels et ses textes contemporains avec une force d’interprétation poignante qui lui ont valu le titre de “plus grand chanteur des pays catalans”. Un couronnement symbolique pour le chantre des métissages entre les musiques populaires qui baignent les rivages méditerranéens.

Intronisé nouveau fleuron de la musique congolaise, le jeune Fally Ipupa possède à 33 ans une carte de visite déjà impressionnante. Pilier puis chef d'orchestre pendant 7 ans de Quartier Latin International, le groupe de la star Koffi Olomidé, son premier disque soliste a récolté d'innombrables récompenses internationales validant des records de ventes. Son folk congolais abrite toujours la langue lingala mais désormais celui qu'on surnomme Dicaprio la Merveille a entamé la modernisation de la rumba congolaise et du Ndombolo avec l'apport des musiques actuelles et d'un sens mélodique plus que jamais inventif. L'étoffe du nouveau héros qui embrase les trépidantes nuits congolaises.

Brass band officiel d'un pays imaginaire (une hypothétique enclave de Belgique Orientale), la Fanfare du Belgistan trace avec facétie les contours fantasmés de son territoire: frénésie balkanique et ferveur tsigane, pistes afro-américaines et rythmiques nord-africaines, funk nomade et jazz débridé, le groove Belgistanais, affublé de l'improbable étiquette "moezik afro-boelgare", réussit le pari d'être à la fois inédit et familier, d'une créativité sans limite. Dans ce maelstrom brûlant, cette troupe d'obédience gypsy orientale emporte les publics à bout de souffle dans les steppes réculées de la transe festive, comme une irrépressible invitation à la danse. Le seul visa requis pour une visite enivrante du Belgistan...

Dans le panorama musical portugais, Oquestrada insuffle une stimulante bouffée d'air frais avec son swing voyageur arborant la flamboyance des sonorités lusophones : le funanà capverdien, la semba angolaise, les accointances brésiliennes sont en effet convoqués dans une guinche rieuse aux côtés du musette, du ragga ou du ska acoustique dans un joyeux mix cosmopolite. Autour de la pétulante Marta Miranda, la petite tribu chamarrée s'ébat en sarabande à coups d'accordéon, de trompette, de clarinette ou de guitare portugaise, redonnant avec facétie le sourire à un fado moins empreint de saudade. Un rayon de soleil musical en provenance directe des collines lisboètes balayées par les reflets scintillants de la mer de paille.

Ce trio de cuivres facétieux souffle un vent nouveau dans la production nu-jazz internationale. Jonglant avec les loops électroniques, les voix aventureuses et les influences orientales savamment digérées, ces niçois ouvrent en grand les portes de territoires inexplorés. Un tour de force qui brasse les rythmiques beat-box, les digressions trombonistiques et un univers aux confins du jazz vocal où la quiétude des temples d’Inde et des pyramides d’Egypte rencontre l’effervescence des capitales occidentales. Avec sa world-music à l’avant-poste de la modernité et son jazz ouvert à tous les vents, Sashird Lao signe un album soyeux aux essences de soul-world.

Dans la grande tradition des ensembles de mariachis, CoraSon de México est dirigé avec maestria par Alejandro Pinto, le spécialiste du guitarròn, cette guitare basse typiquement mexicaine. Avec une emphase toute latine, cette cohorte déambulatoire aborde les répertoires des standards mariachis, des boleros mexicains, des valses traditionnelles de Veracruz, des orchestrations rancheras ou des chants aztèques en langue nahuatl. Une immersion festive dans les célébrations latino-américaines où la brillance des cuivres répond aux vibrations typiques des cordes de requintos, vihuelas, guitarrònes ou autres jaranas dans un folklore joyeux qui agite depuis des siècles le coeur des bals mexicains. Dans le cadre de 2011, Année du Mexique en France.