Etoile parmi les chanteurs-héros du continent noir, Bonga fut le premier interprète du fameux Sodade repris par la diva Cesaria Evora. Soutenu par les accents mélancoliques et profonds de sa voix éraillée, cet angolais flamboyant a élaboré depuis 30 ans l’alchimie parfaite entre verve contestataire et conscience politique aigüe, entre musicalité ciselée et authentiques parfums de “saudade”. Sa carrière au long cours aura ainsi épousé les contours d’une vie marquée par un engagement politique constant et construit au rythme du semba et du blues luso-africain la référence musicale de l’Angola moderne. Une légende.

Quand la fine fleur de la scène grenobloise (Sinsemilia, Gnawa Diffusion…) s’associe et se métisse, c’est pour dérouler le tapis rouge à un groove brûlant et à sa déferlante cuivresque. Derrière des influences afro, funk, dub ou électro qui explosent en feu d’artifice, la rampe de lancement de ce collectif repose sur un afro-beat à la mécanique redoutable. Rythmiques insatiables, riffs de cuivres imparables, percussions africaines et sonorités urbaines, Kalakuta Orchestra connaît sur le bout des doigts les rouages éprouvés de la transe nigériane et invite les publics dans son sillage funky jusque dans la fièvre des pistes de danse.

Quand un maître du kamantché, cette immémoriale vièle iranienne, dialogue avec le prodige du luth baglama, les échanges délicats survolent les cimes musicales de Perse et d’Anatolie. Aux confins d’un jazz atmosphérique oriental (consacré sur le classieux label ECM), leur orfèvrerie instrumentale entraine les oreilles apaisées dans une ensorcelante odyssée sonore. La virtuosité du kurde iranien Kayhan Kalhor et la sensibilité d’Erdal Erzincan expriment dès lors, l’infinie richesse de cette « poésie du vent et des nuages », aérienne, sensible, impalpable et extatique. Embarquement élégant à bord d’un Orient Express céleste…

Rare femme du Nord du Mali à pratiquer la musique, Khaira Arby est une artiste et une femme de caractère, affranchie des conventions et porte-voix de la cause féminine. Lorsque ce Rossignol du Nord, alter ego d’Ali Farka Touré, déploie son grain de voix exceptionnel, les paysages des dunes de sable de Tombouctou apparaissent par magie. Comme une caravane sonore qui ondoie aux sons d’un blues du désert, les langues défilent en Songhaï, en Tamasheq, en Arabe ou en Bambara, les chœurs se répondent et les rythmiques s’étirent dans la langueur apaisante et stimulante du chant grisant de cette Diva du Sahara.

Néo-zélandais originaire de l’archipel des îles Samoa, King Kapisi a embrassé la cause d’un hip-hop revendicatif et survitaminé avec sa redoutable mécanique de beats incisifs et de samples abrasifs. Mais c’est avant tout porté par un flow incandescent et un sens inédit de la mélodie que le MC a bâti sa renommée, jonglant avec les thèmes de la religion, du colonialisme, des réalités sociales mais aussi de la transmission des savoirs et des valeurs samoanes qui irriguent les terres du Pacifique. Entre fun attitude et brûlot dénonciateur, King Kapisi fait émerger ainsi la voix de la Polynésie et dévoile sans fard la face australe du rap.

Spécialiste des traditions populaires méditerranéennes, Matilde Politi dévoile l’incroyable richesse des musiques siciliennes. Cette chanteuse italienne arrache ainsi à l’oubli des pans entiers de cette culture de tradition orale où se sont notamment développées les chansons à caractère historique et politique qui ont façonné la mémoire collective îlienne. Soutenue par l’accordéon, la guitare ou le tamburello, Matilde Politi redonne vie avec émotion à ces pépites antiques en les enrichissant de ses propres créations, comme on nourrit la source d’une culture en mouvement. Au cœur de l’âme sicilienne et de l’histoire de ce territoire…

Lauréat du Prix Alain Peters 2011 décerné lors du Festival Sakifo à la Réunion, Tyeri Abmon pourrait bien symboliser à lui seul la nouvelle génération du maloya. Ce batteur percussionniste et chanteur, inventeur du « 4’ roul’ man », a créé un instrument hybride rassemblant le piker, le sati, les congas et le rouler. Soit l’ensemble des percussions qui rythment les transes brûlantes d’un maloya classé depuis 2009 au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Un homme-orchestre prodige qui perpétue la flamme mystique de cette musique héritée des chants des esclaves, agitée comme le cœur battant de l’Océan Indien…

Spécialiste des musiques balkaniques, DJ Soumnakai emprunte avec jubilation le pont sonore qui rallie l’Europe à l’Asie sur les rives du Bosphore. Ses mixes bouillonnants agitent les dance-floors d’une énergie fiévreuse aux accents de fêtes et de nostalgies populaires, celles qui irriguent et réchauffent l’âme tsigane.